Une fois n’est pas coutume, nous ne vous parlerons pas dans ces lignes de plan commercial et marketing, de trésorerie ou d’expérience collaborateur… Nous avons délibérément choisi d’aborder la question de la santé du dirigeant. Un sujet dont on parle encore trop peu et qui pourtant nous semble essentiel. Parce que les experts du réseau FINAXIM épaulent au quotidien les dirigeants de PME, nous connaissons la charge mentale qui repose sur leurs épaules. C’est pourquoi il nous paraît naturel d’évoquer ce sujet et d’esquisser des réponses qui permettraient à tout dirigeant de préserver sa santé mentale et physique. En effet, comment garantir la bonne santé économique d’une entreprise sans prendre en compte la bonne santé de son dirigeant ?
1. Les dirigeants sont soumis à un stress quotidien dans un environnement dégradé
C’est peu dire que depuis le déclenchement de la crise sanitaire, les dirigeants sont soumis à la pression d’un environnement économique de plus en plus incertain. Les crises, parfois totalement imprévues, se succèdent : dérèglement climatique, explosion du prix des matières premières et de l’énergie, difficultés d’approvisionnements consécutives à la crise du Covid-19, guerre en Ukraine…
Le commandant de bord du navire entreprise évolue dans un environnement dégradé qui le place sous une pression permanente.
L’AIPALS (Association Interprofessionnelle Pour l’Application des Lois Sociales) a publié en juin 2021 une grande étude sur la santé du dirigeant dans le contexte de la crise sanitaire (1). Plus d’un dirigeant sur 2 ayant répondu à l’enquête signale des risques de burn-out ; 90% des répondants sont surtout sujets au stress et 11,9% d’entre eux déclarent être « extrêmement stressés ». Sans surprise, ce sont les dirigeants de TPE qui disent le plus ne pas être à l’abri d’un épuisement physique, émotionnel et mental. Une autre enquête nationale menée par l’Observatoire Amarok et le LABEX Entreprendre de l’Université de Montpellier 2, réalisée pendant les 2 périodes de confinement, montre elle aussi clairement la montée du risque du burn-out chez les dirigeants.
Les chefs d’entreprise peuvent aussi se sentir fragilisés par les circonstances actuelles propres au monde du travail et qui jouent sur leur niveau de stress :
- La difficulté à maintenir une cohésion d’équipe à mesure que le télétravail se développe
- Les difficultés de communication avec les plus jeunes générations qui n’ont pas les mêmes besoins et exigences par rapport à l’entreprise
- Les attentes nouvelles des collaborateurs pour un management beaucoup moins vertical (bien que l’on puisse considérer cette tendance comme positive, dans la mesure où elle remet en cause un management à contrario trop vertical)
Pourtant, la santé du dirigeant est encore un sujet méconnu. Sachez par exemple qu’il aura fallu attendre la Loi 02/08/2021 qui renforce la prévention en santé au travail pour que le suivi santé du dirigeant soit placé au même niveau que celui du salarié ! Alors que les premiers textes de loi sur la santé au travail datent de 1946.
Lorsqu’on interroge les dirigeants sur les risques qui pèsent sur leur santé, la plupart des études montrent que ces derniers minimisent les faits et s’oublient, car, à leurs yeux, c’est d’abord la santé de leur entreprise qui prime !
Beaucoup d’entre eux refusent aussi de se faire aider, un aveu de faiblesse à leurs propres yeux insupportable… Pourtant, le recours à une aide extérieure est un des meilleurs moyens de rompre la solitude du dirigeant et de prendre du recul.
2. Sur quels leviers agir pour préserver sa santé ?
Dans un contexte extrêmement anxiogène, comment le dirigeant peut-il préserver sa santé ? Nous avançons 8 pistes de réflexion :
- La 1ère concerne l’écoute. Apprendre et écouter les signaux faibles que peut vous envoyer votre corps, mais surtout : solliciter votre entourage professionnel pour lui poser des questions sur le fonctionnement de l’entreprise, votre style de management, la communication au sein de l’organisation, les dysfonctionnements éventuels… Acceptez les feedbacks et la critique, et voyez ce que vous pouvez améliorer
- La seconde concerne la vision de votre fonction. Acceptez-vous d’assumer seul la bonne marche de l’entreprise ? Acceptez-vous de prendre seul les décisions stratégiques ? À l’image des jeunes générations qui montent des projets entrepreneuriaux collectifs sur un mode collaboratif, appuyez-vous sur certains de vos collaborateurs et partenaires : vous pourriez avoir de bonnes surprises ! Ce qui suppose de lâcher prise et de mettre en route par exemple des groupes de travail pour impliquer vos équipes et répartir la pression
- Brisez l’isolement que beaucoup de chefs d’entreprises ressentent et subissent. Les clubs d’affaires, les réseaux d’entrepreneurs et les associations patronales sont des lieux dans lesquels vous pouvez partager vos doutes avec vos pairs et trouver des solutions à vos difficultés. La tête dans le guidon, prenez du recul !
- Maîtrisez votre emploi du temps. Une méthode consiste à noter systématiquement le temps passé sur chacune de vos tâches. Déléguez lorsque c’est possible les tâches chronophages, et analysez celles qui vous prennent le plus de temps
- Accordez-vous des moments de déconnexion totale avec votre activité : amis, famille, hobby personnel, faites le vide pour recharger les batteries
- N’hésitez pas à demander de l’aide en externe: un mentor, un coach peuvent vous aider à passe une période délicate dans la vie de votre entreprise
- Utiliser la matrice d’Eisenhower pour classer vos tâches en matière d’urgence et d’importance. Traitez en priorité l’important et l’urgent, déléguez les tâches non importantes, mais urgentes, planifiez les tâches importantes, mais non urgentes, et abandonnez les tâches non importantes et non urgentes
- Interrogez-vous régulièrement sur vos priorités dans la vie. Cela vaut-il le coup d’investir du temps dans des choses qui au fond ne vous paraissent pas comme essentielles ?
Le terme est à la mode et pourtant il désigne une réalité bien connue des chefs d’entreprise :
Par charge mentale, on désigne tous les évènements imprévus du quotidien de la vie du chef d’entreprise qui viennent polluer son activité et qui le détourne de ses tâches importantes et non urgentes : un client qui résilie brutalement son contrat ? Un salarié qui se met en arrêt maladie prolongé ? Une procédure de recouvrement de cotisations sociales par suite des conclusions d’un contrôle de l’URSSAF ?
Ces évènements non sollicités créent une charge mentale qui peut conduire à un certain épuisement. Et c’est précisément ce sur quoi Olivier Torres, Fondateur de l’Observatoire Amarok (2), observatoire de la santé des dirigeants de PME, commerçants et artisans, avertit et met en garde. Selon lui, une des priorités du dirigeant est de savoir repérer le risque d’épuisement et de ne plus faire du sommeil une variable d’ajustement. Cela étant, ce spécialiste de la santé du dirigeant apporte d’autres éléments de réflexion pertinents…
3. Entreprendre : bon pour la santé, mais épuisant !
En effet, selon une enquête nationale conduite par l’Observatoire Amarok, le risque d’épuisement professionnel concernait 17,5% des dirigeants en 2019, pour augmenter à 34,6 % en janvier 2021 pendant le confinement. Autre donnée : le chef d’entreprise dort en moyenne 6h20 par nuit contre 6h50 pour le français. D’après Olivier Torres, ce chiffre est très insuffisant dans la mesure où il crée des retards de sommeil irrattrapables. Ses conseils : être vigilant sur son sommeil, être attentif à la fatigue pour mieux gérer son agenda ; la pratique du sport et une alimentation saine sont aussi des piliers sur lesquels s’appuyer pour retrouver un équilibre de vie.
Mais, paradoxalement, Olivier Torres note que les dirigeants sont souvent en meilleure santé que leurs salariés, car ils développent des capacités de résilience, sont optimistes, et décident de leur propre destin
Comment expliquer ce décalage ? Selon lui, si le dirigeant est soumis à plus de stress et une charge mentale supérieure, sa santé est souvent analysée sous l’angle unique des facteurs de risques, alors que les éléments positifs générés par son activité ne sont pas pris en compte…
Un point de vue intéressant qui prend en compte la « salutogénèse », à savoir une approche qui se concentre sur les facteurs favorisant la santé et le bien-être, plutôt que d’étudier les causes des maladies (pathogenèse). Olivier Torres met en balance les facteurs de risques négatifs avec ceux au contraire positifs. Amarok a ainsi mis en place un outil d’autoévaluation pour les chefs d’entreprise qui leur permet de mesurer leur santé globale. L’outil développé consiste à mettre en balance les évènements stresseurs (facteurs « pathogènes ») avec ceux qui apportent de la satisfaction (facteurs « salutogènes »).
Engagé dans la santé du dirigeant de PME/TPE, Olivier Torres remarque à juste titre que l’état de forme du dirigeant a des conséquences directes sur la santé de l’entreprise, bien plus que dans les grands groupes où la direction de l’entreprise peut se renouveler. À ce titre, la santé du dirigeant fait partie du capital immatériel de l’entreprise.
Les experts en temps partagé du réseau Finaxim permettent aux dirigeants de faire baisser leur charge mentale : opérationnels et expérimentés, ils épaulent le dirigeant de PME sur des sujets qu’il ne maîtrise pas et qui sont anxiogènes… L’expérience de notre réseau nous permet aussi d’affirmer que nos experts aident les chefs d’entreprise à prendre des décisions stratégiques, face auxquelles ils ne sont plus seuls. Le bien-être psychologique contribue aussi à la bonne santé du dirigeant. Vous êtes dirigeant ? Vous souhaitez en savoir plus sur les bénéfices d’être épaulé par un expert de notre réseau ? N’hésitez pas, contactez-nous.
(1) Étude menée par l’AIPALS (le service de santé au travail du grand Montpellier), en partenariat avec l’observatoire Amarok, sur 3.600 entreprises adhérentes. 256 chefs d’entreprise ont répondu, dont plus de la moitié sont des dirigeants de TPE
(2) L’Observatoire AMAROK est une association qui investit le sujet de la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés (TNS). Il a été créé en 2009 par Olivier Torres, Professeur des Universités (Montpellier) et spécialiste des PME.