FINAXIM

DRH en temps partagé

Les DRH se plient en quatre pour investir les petites et moyennes entreprises – LE MONDE

Certains rêvent de ne pas avoir de patron, Stéphanie Bonthoux en a trois. Cette responsable des ressources humaines exerce son métier dans trois PME de la région marseillaise, où elle intervient à raison de un à deux jours par semaine et par entreprise.

Ce sont des entreprises très différentes : deux d’entre elles emploient entre 10 et 20 salariés, la troisième, 120.

Il y a une société informatique, une qui exporte du gaz et une autre spécialisée dans le pilotage maritime. « Dans la première, j’ai rédigé le document unique, le livret d’accueil ou encore les ordres de mission de chaque salarié. Dans la deuxième, je m’occupe surtout des recrutements et des formations. Dans la troisième, je travaille sur l’harmonisation des statuts du personnel », indique-t-elle.

Mme Bonthoux fait partie d’une équipe de « DRH en temps partagé » mise sur pied par le Medef des Bouches-du-Rhône, en juin 2012. « Beaucoup d’entreprises nous sollicitaient sur des questions RH, liées en particulier à leurs obligations légales. Mais, contrairement aux grandes entreprises, les PME n’ont pas toujours les finances nécessaires pour recruter un RH à temps plein. C’est pourquoi nous avons monté un service « clés en main » où les entreprises peuvent avoir recours, quelques jours par mois, aux services d’un DRH expérimenté », explique Véronique Pottier, directrice des services aux entreprises de l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE13).

Amandine Allégret a été recrutée sur cette plate-forme il y a six mois. Elle travaille aujourd’hui pour cinq entreprises allant de l’affichage publicitaire à la fabrication de médicaments en passant par le BTP.

Une expérience « riche » mais qui peut parfois se révéler frustrante. « En n’étant qu’un jour par semaine dans une entreprise, on est souvent accaparé par les difficultés techniques et par des problèmes à régler dans l’urgence. Le travail de fond, comme la gestion prévisionnelle des compétences ou la politique de motivation des salariés, passe un peu au second plan », regrette-t-elle.

« Aujourd’hui, la fonction RH est de plus en plus centrée sur le management et le développement des ressources humaines pour améliorer le retour sur investissement dans le « capital humain ». Cependant, un grand nombre de TPE, PME et PMI sont davantage préoccupées par la mise en place et le suivi d’actions opérationnelles ayant un résultat à court terme, comme la paye, que par des actions managériales souvent de grandes envergures et dont le retour sur investissement se mesure à moyen ou à long terme », confirme Anne Joyeau, enseignante du master RH de l’Institut de gestion de Rennes, qui a coordonné une récente étude sur les DRH en temps partagé.

UN EXERCICE DÉLICAT

S’ils veulent avoir un réel impact, les DRH en temps partagé doivent répondre aux attentes des dirigeants et se montrer à l’écoute des salariés. Un exercice délicat lorsque le temps de présence dans l’entreprise, et donc la proximité avec les équipes, est réduit. « Au début, il faut bien expliquer son rôle, souligne Mme Bonthoux, et prendre le temps de rencontrer chaque salarié. » Les recrutements, la formation ou encore l’organisation des élections des représentants du personnel sont autant d’occasions pour les responsables RH d’établir le contact avec leurs collègues.

Malgré tout, un sentiment de frustration peut naître chez certains en raison du manque de prise avec le « terrain ». « On n’est pas au courant de toutes les rumeurs, reconnaît [Brigitte Aubine->baubine@finaxim.fr], DRH à temps partiel dans trois entreprises et consultante pour le cabinet Finaxim. Mais, lorsque je suis à mon bureau, les gens savent qu’ils peuvent venir me parler de leur situation dans l’entreprise et de leurs souhaits. Et, s’ils demandent que cela reste entre nous, rien ne filtre. »

Pour elle, comme pour la plupart des DRH en temps partagé, le « bien-être » de la fonction réside dans l’absence de lien de subordination avec le dirigeant. « C’est une relation beaucoup plus saine, qui permet d’avoir un point de vue critique et d’apporter de réelles améliorations dans l’organisation », note-t-elle.

Le métier de DRH en temps partagé est toutefois très exigeant. « Sur la durée, le fait de changer d’environnement chaque jour ou presque demande une forte mobilisation d’énergie », signale Mme Bonthoux. Mme Allégret estime être « davantage dans la peau d’un consultant que d’un salarié à part entière. L’appartenance à une entreprise pourrait un jour [lui] manquer ».

Les entreprises concernées semblent apprécier la présence et le travail de ces responsables RH. Mais, en volume, la tendance reste modeste : « Le temps partagé est pratiqué par plusieurs centaines de directeurs et responsables des ressources humaines », relève Marc-André Vilette, ancien DRH en temps partagé, aujourd’hui enseignant-chercheur à France Business School.

Source : LE MONDE – 21.01.13

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