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L’essor discret du travail à temps partagé – Le Figaro

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Le temps partagé, ce nouveau mode d’activité concernerait actuellement quelque 50.000 personnes en France, mais prend de l’ampleur grâce à l’essor du numérique.

 

Face aux évolutions rapides de l’économie et à la montée du chômage, le travail doit dorénavant être en temps partagé.

«Cette mutation est inéluctable. À la fois parce que le numérique change les modes de relation et parce que le salariat n’est plus adapté à la manière dont on travaille» Défend Gaspard Koenig, philosophe et fondateur du think-tank Génération libre.

Ce que confirme le dirigeant d’un groupe d’intérim: «Le salariat a passé son optimum. Le développement se fera au profit d’autres formes de travail, comme le free lance ou le temps partagé», prédit il.

Le changement est déjà en marche: selon l’Insee, la proportion des salariés qui exercent une activité secondaire non salariée est passée de 0,5 % en 2007 à 1 % en 2010. De même, la part des non-salariés à titre principal qui ont un emploi salarié secondaire progresse aussi, passant de 4,9 % en 2007 à 6,8 % en 2010.

Une évolution liée sans doute à l’engouement pour le statut d’autoentrepreneur, créé en août 2008, dont le nombre d’inscrits frôle le million. Et ce, même si le travail en temps partagé n’est pas la panacée, les revenus étant le plus souvent limités. En 2013, 30 % des autoentrepreneurs n’ont pas généré de chiffre d’affaires.

Six employeurs différents

 

Pourtant, il ne s’agit plus d’un simple effet de mode. Un certain nombre d’initiatives ont récemment vu le jour afin de faciliter la mise en relation entre l’offre et la demande en matière d’emploi partagé. Ainsi David Bibard, un contrôleur de gestion de 39 ans, a eu l’idée de proposer à d’autres ce qu’il a mis en place pour lui-même: il divise son temps, de façon régulière, entre six employeurs différents. «Il ne faut pas se leurrer, à l’origine du temps partagé, il y a un accident de parcours.

Mais ensuite, lorsqu’on arrive à en vivre, on ne veut plus revenir en arrière», témoigne ce Parisien.

Avec son Portail du temps partagé, il souhaite promouvoir cette nouvelle forme de collaboration entre les professionnels et les entreprises. «Plusieurs modes de collaboration sont possibles, la prestation de services, le groupement d’employeurs et le multisalariat», détaille-t-il. David Bibard évalue à 50.000 le nombre de personnes engagées dans ce type d’organisation du travail.

Le modèle ne demande qu’à se développer, «notamment grâce aux besoins grandissants des TPE et PME, qui n’ont pas les moyens de s’offrir des experts à plein-temps en matière de ressources humaines, de finance ou de marketing», dit-il.

Une entreprise en difficulté provisoire peut détacher un ou plusieurs de ses collaborateurs dans une société en demande et facture à celle-ci le salaire proportionnellement au temps passé

Dans l’Eure, deux anciens cadres se sont lancés dans l’accompagnement vers le prêt de salariés. Le principe? Une entreprise en difficulté provisoire peut détacher un ou plusieurs de ses collaborateurs dans une société en demande et facture à celle-ci le salaire proportionnellement au temps passé. «Pour l’employé, rien ne change, il peut même y gagner des avantages ou primes que l’entreprise qui l’emploie provisoirement offre à ses collaborateurs», détaille Bertrand Le Hay, l’un des fondateurs, qui espère à terme se rémunérer par un pourcentage sur chaque transaction.

Dans le même ordre d’idée, un ancien cadre d’Axa cherche à développer ce principe sur les métiers en tension de l’informatique. Son projet, OSCARh, est d’inciter les grandes entreprises à prêter leurs experts seniors en informatique pour qu’ils accompagnent les PME dans leur révolution numérique. Pas simple.

«Au regard de la loi, il faudrait que le salarié soit refacturé à l’euro près, ce qui devient un obstacle car jamais une PME ne pourra se payer un expert senior, même au prorata temporis, explique le fondateur, Frédéric Watine. Je travaille donc avec les institutions pour confirmer que l’on pourrait prêter un salarié expert à un prix de marché acceptable pour la PME, l’écart résiduel étant pris en charge par le grand groupe.»

S’il est d’avenir, le modèle n’est toutefois pas sans risques. «Cette nouvelle société qui se construit en parallèle à l’ancienne en s’affranchissant du salariat doit être accompagnée de politiques publiques adéquates en matière de solidarité, de droit du travail et d’assurance, défend Gaspard Koenig. Il faut réfléchir à un statut de l’actif qui remplacerait celui de salarié, et l’accompagner d’une assurance sociale et d’un système de revenu universel qui garantirait un minimum de droits à tous les individus.»

Le Figaro – 3 août 2015

Par Domitille Arrivet

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