Les entreprises veulent des profils « immédiatement opérationnels ». La formule vaut aussi pour les débutants alors on l’a décryptée pour vous, les jeunes.
« Vous êtes opérationnel im-mé-dia-te-ment » : l’employeur insiste, c’est important pour lui. La formule, commune à de nombreuses offres d’emploi, est la marque d’une époque où « les entreprises attendent une capacité à appréhender sans délai les situations rencontrées », pointe Emmanuel de Prémont, président de Réseau Finaxim. Une attente forte et même contagieuse puisqu’elle peut concerner les profils les moins expérimentés. Un comble ? Oui et non.
Une entreprise ne peut pas exiger d’un débutant qu’il soit compétent à tous les niveaux mais, comme le souligne notre interlocuteur, « elle peut attendre une certaine opérationnalité à la fin des études qui prévoient de plus en plus de périodes d’immersion en entreprise ». L’exigence siffle en quelque sorte la fin de la vie scolaire et l’entrée dans la vie active. Adressée à vous, jeunes diplômés, il faut quand même la nuancer. Et comme l’opérationnalité se décline emploi par emploi de façon différente, nous nous en tiendrons à ses aspects comportementaux.
Les signes de l’opérationnel : immédiatement dans les codes
L’entreprise attend de vous « des signes extérieurs d’un certain professionnalisme, notamment la compréhension des codes qui facilite l’intégration rapide », précise notre interlocuteur. Vous êtes curieux, bravo ! Mais si votre curiosité est brouillonne et intempestive, votre manager ne vous applaudira pas. Poser des questions est naturel quand on débute mais il y a des moments et des lieux pour ce faire. Un jeune s’est ainsi fait reprocher en entretien d’évaluation d’en avoir posé en réunion collective chez un client. « Cela révélait un manque d’à-propos, cela pouvait passer aux yeux du client pour un manque de connaissance du dossier », complète-t-il.
Les signes de l’opérationnel : immédiatement adaptable
S’approprier rapidement les codes – de la vie professionnelle en général et de votre entreprise en particulier – est important mais difficile, la pression qu’on met sur vous ne vous aide pas. Si votre manager signale un problème au premier entretien d’évaluation, il faut prendre la mesure de la mise au point.
« On attend que vous soyez capable de modifier « immédiatement » votre comportement, d’apprendre de vos erreurs, de montrer que vous avez entendu le message », poursuit Emmanuel de Prémont. Votre période d’essai sert à ajuster, à montrer que vous coopérez et, petit à petit, à mieux coller aux attentes de votre employeur. « Relativisez vos impairs au démarrage, qui ne manquent pas d’arriver, l’important est de montrer que vous comprenez vite que vous avez fait une bourde », conseille-t-il.
Les signes de l’opérationnel : immédiatement impliqué
L’implication est le troisième critère de l’opérationnalité d’un débutant, sans doute la plus importante aux yeux de l’employeur. « C’est une sorte de passeport, indique Emmanuel de Prémont. L’entreprise peut pardonner des lacunes techniques mais pardonne moins les attitudes distanciées. »
Quand l’échéance d’un stage ou d’une alternance détermine un comportement éphémère, l’embauche, elle, donne la possibilité de se projeter durablement. Sauf que l’entreprise est suspecte de nos jours – « elle est soupçonnée de manquer de transparence, d’avoir des agendas cachés » –, et la défiance des jeunes vis-à-vis d’elle freine leur implication.
Vous tirerez pourtant plus de bénéfices de votre job en prenant le risque d’être « exploité », autrement dit en vous y investissant à 100% (voire à 200%) car le manque de confiance, de curiosité (à bon escient), de rigueur intellectuelle (qui fait vérifier ses sources, privilégier le travail personnel au copier-coller, etc.) sont des attitudes mal perçues par les entreprises. « Gare à la facilité, l’entreprise attend un jeune qui réfléchit par lui-même », conclut-il.
Sophie Girardeau – Monster – Décembre 2016